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  • Publication publiée :11/08/2015
  • Temps de lecture :4 min de lecture
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Une journée à la plage de Guanabo, sur les plages de l’Est

A Guanabo, la “guagua” stoppe à la Rotonde, déversant son contenu de habaneros joyeux et bruyants venus passer la journée à la mer. Mon attention est attirée par un groupe de personnes qui à peine arrivées s’organisent : un homme arrive avec une table en bois sur la tête, un autre porte des chaises, aidé d’adolescents, d’autres déroulent un tissu et plantent des piquets dans le sable. Je suis intriguée, en un clin d’oeil, les piquets et la toile sont installés, les petits enfants assis dessous, la table reçoit des récipients énormes remplis de nourriture qui sera dévorée tout au long de la journée. Les cubains adorent manger et disent que la mer donne faim…

Pendant que les femmes continuent l’intendance, les hommes s’installent sur les chaises et commencent une partie de dominos sur le couvercle d’une glacière énorme renfermant les bières et autres boissons gazeuses dont ils raffolent. J’entend le cliquetis familier des pions qui s’entrechoquent ainsi que les voix qui montent au fur et à mesure que la partie avance. Les enfants vont jouer près du rivage et les adultes leur donnent une foule de conseils de prudence. Tout le monde se met en maillot de bain sans complexe, des grands parents aux plus jeunes et la troupe s’anime dans un joyeux brouhaha de rires, de cris, de mots.

Je décide de m’approcher pour demander si je peux tirer quelques photos de cette ambiance festive et découvre en même temps un énorme gâteau aux meringues roses, jaune, bleues dégageant une forte odeur chimique de noix de coco, c’est un anniversaire.  Aussitôt, une chaise s’avance, un gobelet en plastique se pose dans ma main, qu’on remplit de rhum. On me demande d’où je viens, qui je suis, ce que je fais et on ne me lâchera pas jusqu’à l’heure de la dernière guagua qui les ramènera, mouillés, pleins de sable, mais heureux de cette journée volée à un quotidien pas toujours facile.

Mais avant cet instant de se dire au revoir, on va d’abord entamer l’énorme pot de mayonnaise, se tartiner des gros morceaux de pains , y ajouter de larges tranches de jambon, le tout accompagné de bières locales. Une fois rassasiés pour un moment, le groupe se dirige, bouteille de rhum à la main, vers l’eau qu’ils trouvent un peu froide (on est en juillet !!) pour entamer une discussion vive sur le prix des choses, les mots “dinero, plata, fula”seront répétés à l’infini. La bouteille de rhum flotte au centre du cercle formé par la famille nombreuse et chacun à son tour en boit une rasade, ce qui anime les esprits. Les enfants jouent à se jeter du haut des épaules des ainés et rient de bon coeur.

Après deux heures à barboter, la faim vient tenailler les estomacs et la troupe s’installe pour un repas pantagruélique. Je découvre que tout a été cuisiné à la maison, le congris avec le poulet, la salade tomate/concombre/chou blanc cru indispensable, les bananes frites, le yuca bouilli, on met tout en même temps dans l’assiette y compris la part de gâteau meringué. Les appétits satisfaits on se laisse aller à une petite sieste. Encore une baignade, une autre rasade de rhum, une partie de dominos, jeux avec une balle improvisée, quelques bières, on parle, on rit, on s’étreint, on se fait des bises, ça fait longtemps que je suis devenue de la famille. Et l’heure de la guagua qui n’attend pas, la table, les chaises, les casseroles, les enfants endormis, tout reprend le chemin de la capitale. On s’échange les numéros de téléphone, on me fait promettre d’envoyer les photos, on se reverra… c’est sur ! En tous les cas les cubains sont positifs et terriblement optimistes et ce qui compte, c’est le jour qui vient d’être partagé.

Saludos amigos por un dia.

Par Maryse de Nantes